« Pas envie de sortir » que je grogne en enfonçant ma tête dans mon oreiller. Pourtant, je sais que ma grande soeur ne laissera jamais tomber aussi facilement, c'est que c'est qu'elle est chiante de nature, celle-là « Tu crois que je suis revenue ici pour te voir faire l'autruche? Allez magne toi, t'a intérêt à être digne de porter mon nom ». Piquée au vif, je redresse la tête, détourne les yeux vers elle alors qu'elle m'arrache le drap du corps. Connasse. Puis comment elle a fait pour entrer? Elle m'a entendu penser, parce qu'elle agite un trousseau de clé juste sous mon nez « T'es pas très originale pour les cachettes de double de clé ». Je grogne, c'est Jaxhuem qui est naze, pas moi. Je pousse un soupir avant de me redresser subitement, tellement que je la renverse. Tiens, tu le mérites, harceleuse de mes deux « J'te déteste » « Même pas » « Oh que si » « Dans tes rêves ». Elle est infernale. Elle est canon, elle a pas besoin de moi pour attirer l'attention, puis avec elle dans les alentours, je vais être invisible, comme avant. Quoique, ce soir, ça m'arrangerait. Je remonte mes cheveux, court chercher une chemise propre de Jax - une des seules ayant réussi à survivre à ce tourbillon infernal dans lequel ce mec plonge sa chambre - et enfile de minuscules shorts en jeans. Peu satisfaite, je laisse mes cheveux tomber sur mes épaules, applique une touche de mascara et de gloss, me tourne vers ma grande soeur, fatale avec son bustier et son jeans moule-cul « Pas mal dans le genre » « Désolé de ne pas être tape-à-l'oeil dans le style Vegas ». Elle éclate de rire, attrape ma main et entrelace ses doigts dans les miens « Aïe, c'est que tu sais être vache quand tu veux ». Je me tourne vers elle, serre ma paume dans la sienne « Et encore... je m'échauffais ».

Je suis adossée au bar, sirotant un margarita dans l'ambiance plutôt chaude du bar de la fac, pour une fois. La bière coule à flot, il y a un match de foot à la télé, et le côté dance est plein à craquer. D'ailleurs, Jubilee est en train de mettre le feu au plancher, rien qu'à la regarder, être un mec, je devrais faire un effort pour ne pas être vachement excité. Je porte la boisson mi-salée, mi-sucrée, à mes lèvres. J'en échappe quand je le vois qui entre, et j'ai pas trop le temps de m'esquiver sans avoir l'air de le faire. Je me retourne vivement, la glace qui fond contre la peau de ma poitrine, suivi d'une grimace et d'un frisson désagréable. Pourquoi ce soir, il aurait pas pu passer son tour, rien que pour ce soir? Maudit soit Jubilee de m'avoir entraîner ici et de ne pas être là pour l'envoyer se faire foutre comme je saurai jamais le faire, me sortir d'ici, fumer une clope entre filles dehors, se faire draguer, laisser l'égo remonter, puis filer en douce dormir avec ma soeur dans mon lit simple. J'ai vu pire, dans ma vie, faut me croire...

Je dors. J'essaie en vain de trouver mon fucking repos. J'irais pas jusqu'à dire que je fais des cauchemars, mais depuis quelques temps, j'dors mal ou je dors pas du tout. Entre mes heures de débile à l'hôpital et le fait que Jheylann dorme désormais chez Jaxhuem, c'est pas vraiment la forme . « RONRON HORSWOOD !!! » J'pouvais pas espérer une minute de silence. C'est trop demandé à Callie Horswood, la personne la plus importante de cette planète. En ce moment, elle est beaucoup plus la connasse qui vient de me réveiller et je l'emmerde grave. J'suis enfouis en dessous d'une tonne de couverture et je compte pas bouger. Enfait si, mais que pour lui faire le doigt d'honneur qu'elle mérite plus que tout. Ça m'a fait du bien et je peux retourner à mon occupation : dormir. « OH TA GUEULE, MERDE ! » J'ai la putain de gueule de bois et merde j'suis pas d'humeur à ... FUCKING SHIT ! Elle ne pensait pas comme moi, elle a juste décidée de m'sauter dessus de tout son poid. Elle va tellement me le payer cher. C'est une habitude chez les Horswood. C'qui qui est capable de réveiller le plus souvent l'autre. C'est dommage, car elle devient foutrement bonne à ce jeux. Elle remue un peu les fesses et s'assurer que j'entende bien ce qu'elle est entrain d'me dire. « fait quelque chose de ta vie et j'arrête ensuite » Elle a remarqué mon inactivité qui dure depuis environ deux semaines. J'me sens mal depuis plus d'un mois, mais ça fait quinze jours que j'déprimme pour de bon et pour de vrai, envoyant chier Cade ou Noah. Peut importe lequel se pointait. Voyant que j'bouge pas d'un centime, elle prend les choses en mains et se relève subitement entrainant toutes les fucking couvertures avec elle. « va te faire voir, Callie. » Elle me prend la main et me guide vers la salle de bain. Elle m'y pousse sauvagement et juste avant de fermer la porte, elle ne glisse un « Je t'aime aussi . » Je réalise subitement que finalement, il n'était pas neuf heure du matin comme je le pensais, mais il était seize heure passée. Le temps ça passe trop vite, même si ces derniers temps, tout est horriblement long. Après ma douche, j'enfile une chemise blanche que j'remonte sur mes coudes et le premier jean que je trouve. J'prend pas la peine de me placer les cheveux comme je ne prend pas la peine de raser ma barbe de deux jours.  Trente minutes plus tard, j'suis déjà à l'extérieur. Ma sœur m'a interdit de retourner à l'intérieur de ma propre maison avant un moment, alors ainsi soit-il. Alors que j'conduis rapidement, J'me dis que j'pourrais crécher chez Noah à la place, mais il est pas du genre à rester chez lui. 

J'sais pas pourquoi, j'sais pas vraiment comment, mais je me retrouve devant le bar de l'université. J'imagine que Noah ou Cade seront là. J'espère vraiment que Montgomery se portera absent. J'ai pas envi d'y faire face et même si je sais que je ne pourrais pas l'éviter, j'espère. Je m'allume une clope avant d'entrer et à peine la moitié passée, je la jète et tire sur la porte pour entrer dans le bar dont j'entendais déjà la musique. Je laisse mes yeux s'habituer à autant de personnes. J'ai fait le bon choix. Je passe de contact humain avec moins de cinq personnes à maintenant une foule. Je me dirige vers le bar et je la vois. Elle m'a également vu puisqu'elle refuse catégoriquement de regarder dans ma direction. Elle est canon comme à son habitude. God damn. Elle porte la fucking chemise à Jaxhuem, sachant qu'elle n'était pas si grande et que ce n'était pas la mienne. Je serre les poings et je ne refuse l'accès vers la sortie afin d'aller foutre une raclée à Jax Montgomery. . J'arrive presqu'à sa hauteur et je tourne la tête vers le dance flood. Y'a qu'une seule personne que je connais qui puisse faire autant de foule. « La mienne t'allais mieux . » Je cherche pas la bagarre ni les larmes. Peut-être lui parler, je sais même pas ce que je veux autrement que elle et moi ensemble. Je ne peux pas lui dire ça, alors je me commande un verre de Rhum and Coke et lui commande un deuxième verre. Je l'observe un moment puis je pointe légèrement la piste de danse. « C'est Jubilee ? »

« La mienne t'allait mieux ». Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il ne pouvait absolument pas la fermer, aller draguer n'importe quelle minette de la place pour me donner une autre bonne raison de le détester. Mais non. Il arrive, beau à me couper le souffle, beau à m'en donner envie de pleurer, avec une intonation mi-envieuse, mi-triste. Comment je peux encore ressentir des trucs aussi fort pour un mec qui m'a laissé tomber pour aller froisser les draps d'un putain d'hôtel miteux avec ma propre mère? Je respire un bon coup, ouvre les yeux pour croiser son regard à proprement dit. C'est difficile, comme à chaque fois que j'me sens obligé de lui faire face. Détroit est décidément trop petite comme ville pour nous deux si je veux l'éviter éternellement. D'ailleurs, le fait de travailler au même endroit ajoute à cette situation difficile à laquelle on est confronté, lui comme moi pour être obligé de réaliser ce que l'on a perdu en l'autre « C'est vrai que celle à carreaux était vachement confortable... ». Oh, j'aurais pu lui lancer une vacherie, l'envoyer se faire foutre, lui rappeler qu'il m'a brisé le coeur, qu'il l'avait entre les doigts, qu'il le possédait entièrement et qu'il s'est mis à le piétiner à chaque coup de rein dans ce motel dégueulasse... je secoue la tête, prise de nausées tout à coup. Ce genre de pensées me donnent envie de gerber, rien de moins. Je l'entends se commander un rhum and coke, je sirote mon verre à moi. Quand le mien achève, le barman m'en tend un autre, gracieuseté de mon ancien petit-ami « Merci » que je lance simplement, un léger sourire aux lèvres. Mon dieu, si quelqu'un m'aurait dit que je me retrouverais un jour aussi inconfortable alors que nos coudes se frôlent à peine, Ahàron et moi, je ne l'aurais jamais cru. J'essaie de faire abstraction du fait que son regard me déshabille, son regard est rivé sur moi, ce genre de regard qui m'aurait motivé à l'attirer à l'écart, il y a quelques mois à peine. Maintenant, c'est différent, je veux pas me permettre d'avoir envie de lui. Je veux pas oser affirmer qu'il me fait toujours de l'effet, même après la crise qu'il me fait traverser « C'est Jubilee ? ». Je sors de mes rêveries, réalise qu'on m'a bousculé et que, machinalement, le bras d'Ahàron s'est placé autour de moi pour m'éviter d'être victime d'une nouvelle collision. Je frissonne, cherche à me défaire de cette proximité sans vraiment le faire. Je regarde ma soeur, un sourire vaguement amusée aux lèvres. Elle danse avec trois garçons, fidèle à elle-même. Inconsciemment, je reste plantée là, hochant la tête « Effectivement, Billy est fidèle à ses habitudes, elle attire le regard de tous les mecs de la place... ». Je porte mon verre à mes lèvres, détourne la tête « Tu sais que si elle te voit à moins de cent mètres de moi, elle va t'éclater, hein? ».

« C'est vrai que celle à carreaux était vachement confortable... » J'émet un bref rire en me rappelant qu'effectivement, cette chemise était de loins sa préférée. J'avais beau en avoir trois mille, il n'y en avait qu'une qu'elle gardait précieusement. J'y repense et fuck ça fait mal. Plus que tout ce que j'aurais pu imaginer. Je sais bien que c'est moi qui à tout merdé. C'est juste difficile. C'est hard de voir qu'on se tient côte à côte et que pourtant J'me sens mal à l'aise. J'aurais jamais cru que cela puisse nous arriver à moi et a Jhey. Si il y avait bien un couple qui ne pouvait pas garder leurs mains dans leurs poches, c'était bien nous. Maintenant, nous voilà avec une énorme histoire qui essait désespérément de se raccrocher au présent et de ne pas tomber dans le passé. J'sais vraiment pas ce qui est mieux pour elle et moi. Elle est belle, Jheylann. Elle est tellement belle peu importe ce qu'elle porte que ça me tue. J'me demande ce que j'ai bien pu penser, pourquoi j'ai laissé ma stupidité la diriger tout droit vers les bras de Jaxhuem. J'arrête pas d'y penser sans l'avoir actuellement vu. Sa bouche contre la sienne, son corps plaqué contre le siens. Jusqu'où ils ont été et surtout est ce que j'ai encore ma chance -si j'en ai déjà eu une. Lorsque mon verre arrive, je le porte à mes lèvres. J'suis pas habitué à cette situation, j'veux savoir comment faire. Ça fait genre treize ans qu'on sors ensemble. J'ai jamais fait autrement que d'être avec elle et maintenant que c'est plus le cas, ça me ronge. « Merci » j'acquieste de la tête. C'est évident que dès que je détourne le regard de celui de Jheylann, je me retrouve à identifier une personne que je connais bien. Une autre Davenport au même caractère trempé qui les caractérises toutes. Même si ça fait un long moment que je l'ai pas vu, je la reconnais très facilement. Je ne pose la question que pour être certain. Quelqu'un nous bouscule et mon bras passe automatiquement autour de Jheylann afin d'éviter que ça se reproduise. Du moins, que Davenport de fasse bousculer. Une des habitudes que j'ai accumulées avec le temps. Protéger Jheylann Davenport était ma fucking mission. Je laisse mon bras où il est. Je sais que je devrais le dégager. Je sais que c'est ce que je dois faire, mais j'ai aucune volonté et merde, j'suis pas capable de résister. « Effectivement, Billy est fidèle à ses habitudes, elle attire le regard de tous les mecs de la place... » Je retourne mon visage vers Jheylann. Je connais Jubilee et je connais Jheylann. Je sais pertinemment que lorsque Billy est dans le coin, elle prend toute l'attention. J'ai été témoin de ce phénomène un nombre incalculable de fois. Le truc c'est qu'elle n'a jamais eu mon attention, puisqu'elle était exclusivement dirigée vers la plus jeune de la famille. Son truc a jamais fonctionné avec moi. « J'connais au moins un mec dont elle n'a pas attiré le regard. » Je détourne le regard, parce que c'est trop proche de ce que Ahàron Horswood le petit ami aurait dit. « Tu sais que si elle te voit à moins de cent mètres de moi, elle va éclater, hein? » J'entend distraitement la voix de Jheylann qui résonne alors que je suis concentré sur la proximité de nos corps et au fait que putain, j'veux être bourré. Je fais un signe au barman, j'veux un autre verre. Je prend une gorgée et je retourne mon regard vers Billy qui once again danse avec trois mecs. Elle n'a absolument pas changé, c'est presque rassurant. « Je me crois sauf pour l'instant puisqu'elle est concentrée sur ... eux.» Je fais un signe du menton vers tout ces mecs qui dansaient alentour d'elle. J'ose même pas imaginer ce que me ferais Jubilee si elle savait. D'ailleurs, savait-elle  ? «Est ce qu'elle sait ?»

Je l'écoute rire, parce que ça me détend. Ça m'a toujours fait gonfler d'orgueil de savoir que j'étais capable de lui arracher un sourire, même quand ses parents le saoulaient ou que Callie faisait une connerie. J'ai toujours su comment lui changer les idées, le rendre heureux. J'adorais ça. J'adore ça, je crois que je vais toujours aimer mettre le sourire sur son visage. C'est plus fort que moi, j'ai besoin de le savoir heureux, de vouloir le rendre heureux. Je me retiens de le suivre, parce que j'ignore où ça va me mener ensuite. Je me contente de laisser mon regard flâner ça et là aux alentours, regardant l'effet dévastateur du déhanchement de ma soeur sur la gente masculine. Je l'ai envié longtemps, Jubilee, d'avoir cet effet de malade sur la plupart des gens, même les adultes ne savent pas lui dire non. Finalement - et malgré tout - je suis passablement bien dans ma peau. Oh, bien sûr, je me serais passée du scandale maman-Ahàron, mais hormis ça, j'ai des amis merveilleux et un... non. C'est... juste non. Penser à Jaxhuem à côté de mon ancien petit-ami, c'est trop me demander. Trop étrange, aussi. Je prends une gorgée de mon second margarita, me rappelant à l'ordre de me calmer niveau consommation si j'veux pas faire de connerie. Mon verre ne se renverse pas, par miracle, quand on me secoue pour avoir accès au bar. Mon coeur, lui, éclate dans ma poitrine en sentant le bras d'Ahàron qui m'enserre sans se relâcher. Je n'ose pas lui demander de reculer ou de me libérer. Je suis à la fois prisonnière et volontairement victime de son emprise. Ça ressemble à ce dilemme mental qui me tourmente à chaque seconde, comme quoi me tenir loin d'Ahàron n'est vraisemblablement pas dans mes moeurs profondes « J'connais au moins un mec dont elle n'a pas attiré le regard. ». Il m'achève, j'veux dire, il me tue, carrément, complètement. J'ai envie de pleurer, c'est grave. Je vide mon verre d'un trait afin de rassembler du courage et ne pas partir en courant. Je voudrais me serrer contre lui. Je voudrais qu'on ne se soit jamais séparés et que je puisse tout oublier. Mais non. Je me rappelle, et ça fait mal. Trop mal. Très mal. Je secoue la tête, passe ma main libre dans mes cheveux, frôlant sans le vouloir davantage le corps d'Ahàron. Je réprime un frisson « Je me crois sauf pour l'instant puisqu'elle est concentrée sur ... eux ». Il regarde Billy sans vraiment la voir, c'est flatteur « Est ce qu'elle sait ? ». Je mords ma lèvre inférieure, tournant la tête vers lui en hochant la tête « Ce serait dur de le cacher ». Je sais qu'il veut dire : est-ce que ta soeur connait toute l'histoire, et oui, c'est le cas. Je voudrais bien lui dire clairement, histoire de le refroidir, mais j'y parviens pas. D'ailleurs, Billy m'adresse un clin d'oeil à travers la foule, ce qui me fait sourire. Elle ne l'a pas vu, encore heureux pour lui. Il se doute que tôt ou tard, elle va le remarquer, et merde, ça va être sa fête « C'est suicidaire de ta part de ne pas filer à l'anglaise, tu sais... ». Puis si tu t'éloignes, ça me fera peut-être nettement moins mal de t'aimer encore autant, Ahàron.

J'aurais jamais cru cela possible. Jheylann et moi on se retrouve innevitablement. J'ai aucun moyen d'arrêter ce qui ce passe et pourtant. Revenir en arrière semble être la seule et unique option pour moi. La seule qui ferait en sorte que Jheylann et moi c'pas finit. La seule qui empêcherais Jaxhuem de se faire mon ex. Ça fait foutrement mal de penser à cela alors qu'elle est si canon à mes côtés et qu'elle porte sa chemise. S'habiller dans mes vêtements était son truc. Je croyais peut-être que c'était le notre. J'y crois pas vraiment maintenant. C'est tout simplement qu'elle aime les fringues de mec. Je garde mes bras autour de Davenport parce que cette proximité me manque. Son parfum me fait tourner la tête. J'ai fucking l'air désespéré envers elle. Je veux dire, y'a pas une putain de personne sur cette terre qui peut ressentir la culpabilité que je ressens. Je devrais la lâcher, je devrais vraiment. J'y arrive pas, du moins pas pour le moment. Je tourne plutôt mon regard sur Jubilee. Elle a vieillit, ses cheveux sont plus long et elle est plus bronzée. Elle a toujours ce truc magnétique qui fait en sorte que tout les mecs se collent sur elle. J'me souviens de Cade et Noah qui voulaient se la taper. Ils avaient aucune chance face à Davenport. « Ce serait dur de le cacher » je comprend. Je me doute également que Billy Davenport n'est pas de retour que parce qu'elle le voulait bien. Elle est là pour Jhey. « C'est suicidaire de ta part de ne pas filer à l'anglaise, tu sais... » Oh oui je le sais. Si y'a une personne sur cette terre qui peut me foutre la peur de ma vie, c'est bien elle. Je veux dire, j'sais pas si je crains plus Jubilee ou le regard incendiaire de Tinsley. « J'ai pas un bon instinct de survi et puis ... C'est pas comme si j'avais jamais pris de mauvaise décisions auparavant. » Je devrais pas dire ça. C'est injuste pour elle comme pour moi. Je termine mon verre et j'en commande un autre. J'veux pas avoir l'air de l'alcolo désespéré, mais si je suis venu à ce bar, c'est bien parce que je voulais terminer bourré. Je le bois cul sec et me commande deux shots de tequila. J'en ai deux. Un pour moi et un pour Jheylann ou simplement les deux pour moi. Si Jubilee est pour me faire payer ce que j'ai fait, j'ai pas envi de voir ça. Du moins j'ai pas envi de m'en souvenir. « Qu'est ce que tu fais dans un bar avec ta sœur ? J'suis certain que t'as mieux à faire que de voir ta sœur se faire draguer par tout les mecs dans cette pièce. » C'est sous entendu que j'voulais savoir pourquoi elle était pas dans l'appartement de Jaxhuem, pourquoi elle n'était pas avec lui.Je réalise soudainement que je la serre encore contre moi et je la lâche. Qu'un peu, puisque Jsuis pas prêt à la voir loins de moi, mais juste assez pour lui laisser son espace, qu'elle ne me repousse pas une ultime fois.

Je lisse les pans de la chemise, comme si j'avais besoin de m'occuper les mains. Je suis mal à l'aise, et ça me met dans tous mes états. Ne pas me sentir à l'aise dans les bras de Ahàron, c'est un truc que je n'aurais jamais pas cru possible, parce que c'était l'endroit où je me sentais le plus chez moi. C'est ridicule en y repensant, je me voyais presque mariée, un jour, et avoir des gosses avec lui. C'est vrai que je lui ai déjà dis, une fois, au lycée, mais il m'avait fait taire, comme si la conversation trop sérieuse lui pesait. Je comprends aujourd'hui, me laisser partir sur un sujet aussi sérieux m'aurait sans doute attristée davantage, et ça, vraiment, je n'en ai pas besoin. Je me retiens de rire sur mon sort, je me suis fait baiser sur toute la ligne, au lieu de me demander ma main à la fin de mes études, le garçon qui a pour ainsi dire été mon petit-ami toute ma vie me fait éclater le truc le plus dégueulasse en pleine gueule alors que je le surprends au pieu avec ma mère. Je m'étouffe avec ma gorgée de verre, verre que je me dépêche de descendre d'un trait pour chasser cette pensée qui revient constamment au galop. Je garde les yeux rivés sur les mouvements lascifs de ma soeur, son corps qui ondule au rythme de la musique « Pourquoi c'est pas Billy qui t'a tourné la tête, dès le départ, comme tous les autres, Ahàron? ». La phrase m'échappe, et elle a déjà dépassé mes lèvres que je ne peux pas la rattraper. Je mords l'intérieur de ma joue en prenant conscience que mon ex boit énormément, et que si je ne tiens personnellement pas l'alcool, niveau tise pour un mec, il est pas digne de mention au record du meilleur buveur « J'ai pas un bon instinct de survie et puis... C'est pas comme si j'avais jamais pris de mauvaise décision auparavant ». Je le regarde boire son verre cul sec, et je me surprends à avoir pitié de lui. Je me tourne vers lui, pose ma paume contre sa joue « Tu sais que c'est plus que ça, tu le sais, arrête de comparer ça à... ». À quoi, Jheylann, dis le. À tous tes faux pas, tes soudain besoin d'indépendance, que tu partais avec les copains pour le week-end à l'aventure et que ça le faisait pas d'avoir une petite-amie? Ça pique ma curiosité qu'il coupe mes pensées en prenant de nouveau la parole et me tendant un shooter de tequila « Qu'est ce que tu fais dans un bar avec ta sœur ? J'suis certain que t'as mieux à faire que de voir ta sœur se faire draguer par tout les mecs dans cette pièce ». J'hausse un sourcil, curieuse. Je sens l'étreinte qui se délasse, et j'en profite pour m'éloigner un peu. Je garde le silence, réfléchissant à ses propos quelques secondes, reprenant la parole « Elle m'a arraché au confort de mon lit, je devrais fêter ma liberté et la grande révélation que t'es le plus grand enfoiré de la terre, selon elle ». Oups, l'alcool commence à me claquer, moi aussi, pour que j'ose lui dire un truc pareil. Faut juste que je me retienne de l'entraîner sur la piste de danse si j'veux garder ma tête et lui donner la moindre chance de garder ses couilles. Je regarde le shooter, ne me décidant pas à le porter à mes lèvres « Tu devrais ralentir, et moi aussi... ».

« Pourquoi c'est pas Billy qui t'a fait tourné la tête, dès le départ, comme tous les autres, Ahàron? » Je ne m'attendait pas à cette question. Pendant toutes ces années, jamais elle ne m'avait demander pourquoi elle et pas sa sœur. J'y ai jamais vraiment pensé. Depuis aussi longtemps que j'me souvienne, j'ai aimé que Jheylann. J'ai jamais vraiment voulu plus, je veux dire. J'avais des meilleurs amis et une copine. C'est clair que J'peux pas faire autant de conneries, J'peux pas me taper toutes les filles qui passent. J'avais Jheylann Davenport, j'avais besoin de rien d'autre. Je ne veux même pas penser à ma vie ce dernier mois, parce que c'est pas vraiment une vie. C'est largement plus un semblant. J'ai toujours été performant pour prétendre quelque chose. Prétendre que ma famille est parfaite, prétendre que j'ai pas ouvert mon cadeau de Noël avant l'heure. J'me fais toujours surprendre et la vérité me rattrape à la hard way. « Billy est ... Je sais pas. Je crois que j'ai aperçu une gamine lorsqu'une famille à emménagée à côté d'chez moi et que j'ai pas été capable de me la sortir de la tête. Peu importe à quel point sa sœur était canon. » Jubilee est canon, mais Jheylann est belle. Avoir Billy comme cible, je signais sur une file d'attente. J'crois même pas l'avoir remarqué à la seconde où j'avais aperçu la dernière des deux sœurs. « Tu sais que c'est plus que ça, tu le sais, arrête de comparer ça à... » Oui je sais et pourtant je refuse de me l'admettre. J'veux rien comprendre et je me retient farouchement sur les vestiges de notre relation, des ruines. Je me brise quand j'y pense, car je sais que j'ai une fucking énorme partie de responsabilité. Je garde les yeux sur Jheylann alors qu'elle parle, parcs que je doute qu'il y ait endroit que je préfèrerais regarder. « Elle m'a arraché au confort de mon lit, je devrais fêter ma liberté et la grande révélation que t'es le plus grand enfoiré de la terre, selon elle » Je fronce les sourcils. Jheylann est toujours honnête avec moi. Un truc que j'ai pas été capable de faire et pourtant, lorsqu'elle  me dit la vérité, c'est pour dire que j'suis un enfoiré. Elle doit bien le penser elle aussi en quelque sorte. Alors que je desserre mon emprise, elle dévie son corps du miens et merde, la proximité me manque déjà. Je peux pas dire qu'entre elle et moi c'est le confort, y'a pas plus malaise que notre relation. Mais c'est pas pour ça que j'ai plus besoin de son contact. « J'ai gâché ses plans je crois. J'serais pas ici si ça serait pas de Callie qui m'a foutu dehors pour la soirée ». Ma sœur et ses idées. Parfois j'ai envi de l'étrangler. Toutefois, là maintenant J'me sens bien. Jhey ne m'evite pas vraiment et Billy ne m'a pas encore tué. Je commande de la tequila et je lui tend un shots. C'est une offre à prendre ou à laisser. Elle hésite je le vois. « Tu devrais ralentir, et moi aussi... ». Je soupire et prend le shots que j'ai dans la main. Je le bois cul sec et grimace légèrement. Jsuis un fucking trainwreck et ma façon de m'auto-détruire c'est l'alcool. J'ai pas d'autre moyens. De cette façon y'a que moi que je blesse. Personne d'autre.  « C'est à toi de voir, Jhey. Pour ma part, j'ai débarqué ici que parcequ'il ne reste plus de picole chez moi ».

Je reste silencieuse à tenir le minuscule shooter de téquila. Je frissonne en repensant à la dernière fois que j'ai mis les doigts sur une bouteille de ça, j'ai rendu mes trippes durant des heures, et c'était justement pour l'oublier lui que je me suis saoulée comme une conne. C'est étrange, quelque chose me doute que c'est exactement ce qu'il est en train de faire, Ahàron, oublier ses emmerdes avec l'alcool. Trop gamin pour être capable de supporter ses propres erreurs, Horswood les fuit, comme un lâche. Je secoue la tête, incapable de m'habituer à penser du mal de mon petit-ami de toujours.. ex, pour l'énième fois, mais avec une note plus dramatique que ça pourrait bien être la rupture définitive. Je le dépose sur le comptoir, gardant les yeux rivés sur ma soeur, me demandant comment c'était possible qu'elle ne l'aille pas encore vu. D'un côté, la présence d'Ahàron m'insupporte, d'un autre, j'en ai besoin. Je ne réalise pas que c'est fini, je ne réalise pas que cette proximité troublante et peu confortable est le reflet de plus d'une douzaine d'années d'amour, parce mon dieu, je l'ai aimé. Je l'ai tellement aimé fort, Ahàron, que la pire des injures n'est pas parvenu à tout effacer, à tout rayer, à m'faire tout oublier « Billy est ... Je sais pas. Je crois que j'ai aperçu une gamine lorsqu'une famille a emménagée à côté d'chez moi et que j'ai pas été capable de me la sortir de la tête. Peu importe à quel point sa sœur était canon ». Je souris, un sourire triste, étrangement. Ça m'a toujours paru étrange de sortir de l'ombre de Jubilee, puis ce n'est pas faute d'avoir essayé de me démarquer. Ça lui a paru tout à fait incongru que le voisin préfère sa cadette, une première mondiale. D'abord farouche et pleine de doute, ça n'a pas pris longtemps avant qu'il devienne mien et que je tombe amoureuse de lui « J'ai gâché ses plans je crois. J'serais pas ici si ça serait pas de Callie qui m'a foutu dehors pour la soirée ». Je tourne la tête vers lui, mes yeux glissent sur sa mâchoire carrée, sa peau pratiquement imberbe, son regard bleu qui me chavire chaque fois que je le croise ou qu'il me fixe des yeux. Callie, adorable blondasse de mon coeur. Je la connais depuis qu'elle est toute petite, je veille sur elle comme les garçons, qu'est-ce qu'elle doit finir par être en rogne « On a des soeurs casse-pied, faut croire ». Le shot devient lourd entre mes doigts tandis qu'Ahàron s'enfile le sien « C'est à toi de voir, Jhey. Pour ma part, j'ai débarqué ici que parcequ'il ne reste plus de picole chez moi ». Je pèse le pour et le contre, lui fait face pour terminer un verre avant de me faire de nouveau brusquer en fonçant tout droit contre le corps d'Ahàron. J'me tends alors que mon visage atterri près de son cou, et que mes yeux me piquent parce que son parfum me monte à la tête. Je recule un peu, remarquant une bande de mecs qui hurlent près du bar. J'suis coincée. Je redresse la tête « Arrête de faire ça, Ahàron. En t'faisant du mal, tu m'en fais aussi, tu sais ».

Nos sœurs sont bien plus que casse-pied. La mienne est chiante, elle est agaçante et elle dirait sûrement la même chose de moi. Je l'aime ma sœur, mais parfois elle se mêle de trucs qui la regarde pas. Ma relation casi-inexistante alors qu'on partageait tant entre Jheylann et moi par exemple. J'ai l'impression de fucking suivre Jheylann partout, d'être cet ex transit qui refuse d'admettre que tout est really over. Je sais que j'en suis pas un. Du moins, je sais que même si elle me dit que tout est terminé, je la connais par cœur. J'ai raison sur au moins un point. Rien ne sera jamais terminé entre moi et elle. Elle le réalisera un jour ou l'autre. malgré toute la douleur que quelqu'un peut nous infliger, parfois ce qui fait le plus mal est de savoir que c'est vraiment terminé. Je peux pas m'y résoudre et je bois. Je prend verre sur verre et je m'emmerde par toutes ces conneries que je fais. J'arrête pas de regarder vers Billy pour regarder si ma mort approche ou d'observer Jheylann. Alors qu'elle hésite à prendre le shots, moi J'prend le mien. Y'a un autre connard qui pousse la brunette sur moi. Oui J'me fais également bousculer, mais jamais autant que Davenport. Elle est rendue anormalement trop proche. Habituellement, cet espace aurait vite été franchit. J'ai l'envie irrésistible de me rapprocher encore plus de son corps, de sentir son contact sur le plus possible de surface du miens. Juste pas comme ça. Pas parce qu'elle est obligée, parce que c'est awkward entre elle et moi. Elle est proche de moi et ça me prend toute ma volonté pour ne pas laisser gagner mes envies. Je suis carrément dans un débat et elle a le temps de se reculer un peu avant que je ne puisse rendre une décision. J'ai mal parce que je ne sens plus son parfum, que je ne sens plus la chaleur de son corps près du miens et que surtout je sais que je ne suis plus le seul pour elle. Ça me tue d'autant plus en sachant qu'il s'agit de Jaxhuem. Elle est encore proche de moi, bloquée par une bande de mecs de l'université. « Arrête de faire ça, Ahàron. En t'faisant du mal, tu m'en fais aussi, tu sais » Je m'en doutais un peu, même si j'ai pas envi de me l'admettre. D'un côté j'veux tout oublier. Mes conneries, whatever ce que Jax et Jhey peuvent faire et le fait que merde j'ai screw up ma vie. D'un autre côté, j'ai jamais voulu lui faire mal. Je suis pas capable de penser comme il le faut, mais rien de ce que je fais est pour blesser consciemment Davenport. Merci à mon comportement, c'est grâce à ça que j'suis rendu là à boire comme un trou. « Jhey, tu sais que tu vas devoir choisir entre le fait que ce soit terminé pour de bon ou pas, car tant que tu sais pas, tant que j'sais que tu t'en fous pas, c'est à moi que tu fais mal aussi. » Je me rapproche d'elle un peu, le visage effroyablement proche du siens. Je suis clair. J'ai pas envi que ce soit terminé. En quelque sorte j'ai envi qu'elle me choisisse contre Jaxhuem. Si elle me dit que c'est réellement terminé, j'ai envi de voir qu'elle le croit elle-même.

C'est la mémoire tactile qui est en train de m'écrabouiller le coeur dans ma cage thoracique, quand bien même il bat à la chamade juste à m'être rapproché de lui pour éviter de me faire happer dans la folie des mecs de la fac qui font la fête comme des macaques en criant, hurlant, donnant dans l'obscénité et les idioties. Je m'efforce de ne pas poser mes paumes sur les avant-bras découverts d'Ahàron, de ne pas laisser mes doigts remonter sur ses bras et atterrir au coeur de son torse. Combien de fois je me suis pratiquement donnée en spectacle avec lui pour chasser les minettes qui tentaient de lui faire du rentre-dedans? Jouer la pétasse quand ça concerne Ahàron, c'est ma spécialité depuis que je suis gosse, ça m'a toujours paru normal de prouver au monde entier qu'il était à moi, uniquement et exclusivement à moi. Après tout, Jheylann sans Ahàron, c'est... c'est... putain. Même là, maintenant, ça me parait incongru, ça me parait même impossible. Je respire une bonne fois pour toute l'odeur de son parfum, cette odeur rassurante et qui a tôt fait de me mettre dans tous mes états. Il faut que je fasse un pas vers l'arrière, faut que j'me libère de cette proximité qui me brise en mille et qui me donne envie de fermer les yeux et de ne surtout, ne plus penser, ne plus me rappeler, tout oublier, juste me blottir contre lui. J'ai suffisamment d'espace pour faire un pas, infime, mais qui me donne la force de me donner mentalement un coup de pied au cul. Maintenant, de dos, Jubilee a moins de chance de faire une crise d'hystérie, même si des brunettes à large chemise, ça ne court pas la place « Jhey, tu sais que tu vas devoir choisir entre le fait que ce soit terminé pour de bon ou pas, car tant que tu sais pas, tant que j'sais que tu t'en fous pas, c'est à moi que tu fais mal aussi. ». Mon regard s'accroche au sien, luttant visiblement pour ne pas laisser le brillant dans mes yeux se transformer en larmes. Évidemment que j'ai pensé à ça, évidemment que le fait de me retrouver si près d'Ahàron fait pencher la balance, me rappelle à quel point j'suis attachée à lui et que rien semble suffisamment dramatique pour m'en détacher complètement. Ma main se pose sur son torse, mes doigts se crispent sur le tissu de sa chemise, comme pour le maintenir à distance, au moins en personne, parce que dans mon esprit, c'est pas si simple « Si je voulais te faire du mal, Ahàron, ça ferait longtemps que j'aurais sauté le pas avec Jaxhuem. Je ne l'ai pas fait, j'y arrive pas, et c'est en grande partie à cause de toi ». Ma lèvre inférieure tremble, alors j'suis obligée de m'interrompre un court instant. Je fais signe au barman de m'envoyer deux autres shooters, allez Jheylann, c'est maintenant ou jamais « Tu me hantes, tu me colles à la peau chaque fois qu'il pose les yeux dessus, Ahàron. Tu m'expliques pourquoi ça m'arrive à moi, alors que t'a eu aucun scrupule à te... à.. avec... ».

Je sens ses mains se poser sur mon torse, sur ma chemise. J'ai un frisson et il n'est en aucun cas relié avec la température, puisqu'il doit faire au moins 30. J'me prépare pour le discour qui annoncera qu'elle préfère Jaxhuem Montgomery à moi. Il ne vient pas. Je connais Jheylann depuis assez longtemps pour savoir que ce serait évident. Je la connais assez pour savoir qu'elle n'aura aucunement choisit.  « Si je voulais te faire du mal, Ahàron, ça ferait longtemps que j'aurais sauté le pas avec Jaxhuem. Je ne l'ai pas fait, j'y arrive pas, et c'est en grande partie à cause de toi ».   Elle n'a rien fait avec Jaxhuem, je veux dire. Elle ne l'a pas baisée. Je connais Jaxhuem et je sais que c'est pas faute d'avoir essayer. Je sens mes muscles qui de relâchent avec soulagement. J'avais peur de l'irascible jalousie qui m'aurait posséder dans le cas contraire. Être proche de Jheylann, ça fait mal. J'ai de la difficulté à respirer comme il le faut, parcs que je sais que si je respire profondément, je sentirais son parfum enivrant qui ne ferait perdre la tête. Être avec elle, c'est la meilleure chose qui m'soit arrivé dans ma vie. Ma pire erreur est de l'avoir laissé filer. Je sens mon coeur qui accélère dans ma poitrine, j'ai envi d'en crever. Olivia me l'a dis plus d'une fois, faut que je me reprenne en main. Je veux Jheylann et c'est pas en étant fuck broken que ça va le faire. J'suis attiré automatiquement vers elle. Les mecs de la fac ne sont qu'une distraction comme une autre, une distraction qui me permet de me rapprocher d'elle. Elle lève sa main et commande deux autres tequila. Elle a rendue les armes.  « Tu me hantes, tu me colles à la peau chaque fois qu'il pose les yeux dessus, Ahàron. Tu m'expliques pourquoi ça m'arrive à moi, alors que t'a eu aucun scrupule à te... à.. avec... ». Je m'étouffe un peu et je prend un des shooters de Tequila. Je ne le bois pas, puisque déjà sans cela je sens que tout commence à tourner. Je sais bien que bientôt je ne serais plus capable de tenir sur mes deux pieds. Je ne sais pas quoi répondre à cela. Je sais que je l'ai brisé au delà de ce que je ne pourrais jamais imaginer avec le truc qui s'est passé entre sa mère et moi. Je m'en veux tellement. Je sais largement que je suis un vrai con de première.  « c'est parce que tu sais réfléchir, Jhey. J'ai pensé à rien, je n'ai que subit les événements. T'es beaucoup mieux que moi et ... » Je reprend le shooter de tequila et je le bois. Je ne demande pas un autre verre à normand, il en a assez. Je me rappelle. J'ai toujours été le gamin de la relation. Je n'ai jamais été responsable de quoique ce soit.  « J'ai pas envie que tu restes avec Jax, Jheylann. C'est un super pote, mais côté relation stable ... ». Je me dois de faire ultimement le petit ami jaloux, parce que c'est un rôle que j'étais habitué de faire. Un rôle que je ne voudrait plus jamais arrêter de jouer.

Je n'arrive tout simplement pas à détacher mes paumes de son corps, comme si elles s'y étaient reconnues un endroit si souvent visité. Je ne compte plus les fois où j'ai pressé mes lèvres contre les siennes, pas plus que je me rappelle le nombre de caresses ni même le nombre de fois où j'ai passé mes mains sur sa peau rien que pour le sentir frissonner et me donner l'impression d'être irrésistible. Je débarquais chez lui quand il n'était pas là - en train de faire le con avec sa bande d'imbéciles, incluant Jax - et riait avec Callie pendant de longues minutes, l'écoutant me confier ses emmerdes, les derniers potins, bref, les trucs de filles. J'allais ensuite me glisser dans les draps d'Ahàron en attendant qu'il revienne, sachant pertinemment qu'il saurait que j'étais là parce que je déteste dormir toute seule. C'est quelque chose que je réapprends maintenant qu'il n'est plus à moi et que Jubilee refuse de jouer les remplaçantes. Il y a bien Tinsley, parfois, mais c'est pas pareil. Avec Jaxhuem, c'est trop difficile de résister à l'attrait magnétique de parcourir son corps des doigts, alors je me restreins le plus possible, sauf nuits d'orage où tout est permis, sauf passer à l'acte. Je me donne l'impression d'avoir 12 ans, mais je suis sérieusement incapable de me voir avec... avec... soyons honnête: avec quelqu'un d'autre qu'Ahàron, parce qu'il a toujours été question de lui et moi « c'est parce que tu sais réfléchir, Jhey. J'ai pensé à rien, je n'ai que subit les événements. T'es beaucoup mieux que moi et ... ». Je serre les dents afin de ne pas laisser ma mâchoire trembler. Je l'ai tellement entendu souvent, cette tirade comme quoi je vaux mieux que lui. J'ai jamais voulu valoir plus, je voulais juste être à lui et qu'il soit à moi. L'alcool qui coule dans mes veines me donne la force de presser mes doigts sur ses lèvres afin de le faire taire « Tais-toi, c'est pas ça que je veux entendre, Ahàron ». Je veux qu'il m'explique. Je veux comprendre. Je veux pouvoir tirer un trait là-dessus définitivement, et revoir mon père sans avoir envie de tout lui déballer. Je lui prends le shooter des mains, le dépose sur le comptoir alors que sa voix se soulève de nouveau « J'ai pas envie que tu restes avec Jax, Jheylann. C'est un super pote, mais côté relation stable ... ». Je ris doucement, et comme j'allais répondre, une voix m'interpelle, une voix qui me glace le sang « JHEYLANN, HEY, MAIS C'MA PETITE SOEUR ÇA ». Je relève la tête, réellement inquiète pour Ahàron, alors sans réfléchir, j'enferme sa main dans la mienne et nous fraye un chemin dans la foule, rapidement, jusqu'à des WC un peu à l'écart. Des WC de femmes, évidemment. Je referme la porte derrière, respire enfin, tout ça sous le regard incompréhensif d'un Ahàron pris au dépourvu « Pas envie d'avoir ta mort sur la conscience ». Même si c'est pas faute d'en avoir eu envie quelques fois ces derniers temps. C'est exigû, comme endroit. Je lève les yeux au ciel, croisant ensuite le regard de mon ex, ajoutant avec une pointe d'amusement « On aurait pu connaître cet endroit avant, l'usage qu'on en aurait fait aurait été plus... ». Oh putain. Putain, putain, PUTAIN. Je porte ma main à ma bouche. L'alcool me fait dire ce qui me passe par la tête. Faut que je sorte d'ici, de cette cabine où j'vais me tenir trop proche de lui et que comme j'suis feeling, ça vaut mieux... mais y'a une paume sur la porte qui m'empêche de l'ouvrir. La sienne. Merde.

Je me sens complètement nul. En partie à cause de ce que j'avais fait, mais aussi parce que je suis surpris de ma reaction. Je savais que lorsque Jheylann et moi ça serait terminé pour de bon, j'allais être broken. J'ai jamais cru que pourtant cela pourrait faire aussi mal. Je dois essayer de reprendre ma putain de vie en main. Je sais que la brune ne veux pas entendre pour la innième fois mes excuses. Je ne sais pas quoi dire d'autre comment agir. Je sais bien que peut-être que ce qui est le mieux pour nous, c'est la rupture définitive, de ne plus de revoir pendant un moment. Je l'avoue complètement, je suis faible. Je suis strictement pas foutu de rester loins d'elle. Si j'avais eu le choix, pour elle, parce que c'est ce qu'elle veut, je me serais tenu à l'écart. Toutefois, je suis jaloux, égoïste et totalement obsédé par mon bonheur. Si c'est elle que ça me prend, je ferais tout. Elle ne veut pas que je lui dise pour une dernière fois qu'elle mérite mieux que moi. Je suis chiant à toujours dire cela, mais j'sais pas quoi dire d'autre. Je ne sais pas pourquoi ni comment tout a commencé entre moi et sa mère. Je n'ai aucune idée de ce que je devrais lui dire. N'ayant aucune réponse valable, je préfère meubler le silence. Je suis un connard, mais je veux être son connard. Pas celui qui regrette et qui regarde son ex se faire l'un de ses meilleurs potes. J'ai un shooter de tequila dans la main, je ne me résout pas à le boire. J'suis déjà très feeling et je sais que ça n'annonce rien de bon. « JHEYLANN, HEY, MAIS C'MA PETITE SOEUR ÇA » Je comprend strictement rien, car deux secondes plus tard, Jheylann me tire dans la direction des WC pour femmes et j'en ignore la raison. J'ai peut-être ma petite idée, mais je ne l'expose pas au grand jour. Je suis désormais dans une des cabines des WC des filles avec Jheylann. La proximité que je partage avec elle en ce moment est étourdissante. Je sais que c'pas nécessairement ce que Jheylann souhaite, pourtant je sais que moi, cest ce que je veux. Ça et retourner dans le temps. Comme quoi tout n'est pas possible. Elle dévoile pourquoi et c'est simple : elle ne veut pas ma mort sur la conscience. Je sais que Jubilee Davenport est du genre très violente, je ne suis pas surpris de savoir par qui Jhey a tout appris. Elle émet un regard amusé et « On aurait pu connaître cet endroit avant, l'usage qu'on en aurait fait aurait été plus... » Elle se tait et je n'en suis pas surpris. Ce qu'elle vient de dire fait son chemin dans mon esprit embrumé. Je sais pertinemment ce qu'elle et moi aurions fait quelques mois auparavant. Elle veut partir, mais je fous ma main sur la serrure. Pas maintenant, pas quand il n'y a que elle et moi -pour l'instant. Je me rapproche d'elle et avec la main qui ne bloque pas la sortie, je déplace une mèche rebelle et lui caresse doucement la joue. Je n'attend pas, je pose mes lèvres sur les siennes. Je goûte au gloss qui était encore apposé sur celles-ci et je sens mon corps se détendre complètement et s'enflammer pour elle. Pas parce que je veux une deuxième chance, pas parce que je veux gagner contre Jaxhuem, mais parce que j'en ai envi et que l'alcool enlève toutes ces barrières que je m'impose.

L'idée d'aller me foutre à l'écart dans un endroit clos comme des WC n'était pas une très bonne idée, pour ne pas dire une bourde monumentale. J'ai les hormones à fleur de peau, simplement attisées trop souvent par les rapprochements vicieux entre Jax et moi, mais toujours avortés avant de tomber à des préliminaires en bonne en due forme. J'ai peur de ce que ça me ferait ressentir, en fait. J'avais l'impression d'appartenir à Ahàron parce qu'il est absolument le seul avec qui je suis allée jusqu'au bout, mais là, ce serait différent. Jaxhuem Montgomery n'est pas Ahàron, et même si ça me rassure la plupart du temps, ça me fout une trouille phénoménale quand j'réalise à quel point j'suis attirée par lui. En fait, j'me dis que ça va être de pire en pire si j'peux avoir une mémoire tactile de la moindre portion de son corps. Je connais ses traits par-coeur, ayant passée vachement trop souvent mes doigts le long de sa mâchoire, dessinant la forme de son visage, suivant les courbes sous le regard inquisiteur d'un bleu azur. Mais là, on régresse. Je n'avais pas envie de faire un scandale, surtout que Jubilee passe de longues minutes à me rappeler à quel point elle va trucider et émasculer Horswood si jamais elle le reprend autour de moi, et saoule, j'ose même pas imaginer de quoi ma grande soeur est capable. J'suis donc braquée contre lui, ou presque, dans un exigü cabinet de WC, le souffle court, tentant de garder une distance maximale entre mon corps et le sien, parce que j'sais que le moindre contact va me happer vers un souvenir et que j'risque de perdre le contrôle. Marrant comment on peut être faible, parfois, quand on aime. Il a beau avoir fait la pire des vacheries, il m'excite encore. Tout autant qu'avant, et c'est peu dire qu'on s'est toujours très bien entendu sur le niveau cul. C'est peut-être pour ça que les mots dépassent mon esprit et se faufile entre mes lèvres. Oh putain. Si j'ai dis ça, je... merde, faut absolument que je sorte d'ici. Tout de suite, avant de me conduire comme une connasse. Je pose la main sur la porte qu'une paume la maintient en place. Je détourne le regard, tombe inexorablement sur celui d'Ahàron, je l'implore d'un ton suppliant - mon égo doit être en pause syndicale - « S'il te plaît, enlève ta main ». Mais il se rapproche, passe le revers de sa paume contre ma joue et je frissonne. Ma lèvre inférieure tremble tandis que son visage annihile la distance avec le mien et qu'il presse ses lèvres familières sur ma bouche. Une décharge électrique se transmet de la tête aux pieds alors qu'il me coince contre la porte. Je me sens répondre à l'assaut, même si les larmes me piquent les yeux. Ma main se pose sur sa nuque, puis dans une ultime tentative de résistance, j'y enfonce mes ongles, enfonçant mes dents légèrement sur sa langue, juste pour le faire réagir, le faire émerger « Ahàron... ».

Je ne sais pas réellement ce qui me prend. J'ai toujours détesté me morfondre sur moi-même et là je fais que ça. Entre Livia qui me talkshit sur le fait que tout va aller pour le mieux, mon meilleur ami qui veut se faire mon ex et cette ex qui est présentement avec moi. J'ai merdé, mais je ne sais pas réellement comment tout mettre en ordre. Tout les mots que j'suis capable de sortir à Jheylann, ce ne sont que des excuses. Je sais qu'elle n'en veut plus, qu'elle en a assez eu. J'ai l'air merdique alors que j'essaie comme toujours de la récupérer. Le nombre de fois où j'ai eu a me faire pardonner comparé à elle, c'est phénoménal. La raison pour laquelle je ne crois pas être capable de tourner la page, c'est probablement parce que je suis trop lâche. Je préfère appeller cela trop amoureux. Je sais qu'elle m'aime encore. Je le vois dans ses yeux, je le sens au plus profond de mon être et je sais qu'on arrêtera jamais. On se connait trop, je suis définitivement accro à elle et merde ça fait mal. Mal de savoir qu'elle m'aime, mais qu'elle ne veut plus être avec moi. Qu'elle veut probablement être avec Jaxhuem. Je la veux loins de ce connard, car je le connais. Je sais qu'il n'est pas le type à relation stable. Je crois qu'il en a eu une dans sa vie et c'était avec cette fille, Raphaëlle. Jheylann Davenport m'aime encore. Je me demande parfois si c'est assez et j'ai l'étrange impression qu'elle y pense également. Et nous voilà. Dans les wc pour femmes, ma paume sur la poignée afin d'empêcher Davenport de se tirer. J'ai absolument pas envi qu'elle se tire, j'ai trop besoin d'elle. Parfois, j'me sens fucking pathétique. Je suis la personne qui a tout arrêter ET qui a tout foirer pour la récupérer en baisant sa mère. Elle veut que je retire ma main. Je ne répond pas, je ne fais qu'un vague signe de tête que non. Lorsque je pose mes lèvres sur les siennes, je sens qu'elle se laisse aller. D'une certaine façon, c'est mieux que de me recevoir une gifle. alors que mes lèvres sont encore collées sur les siennes, je sens qu'elle me mordille la langue, qu'elle enfonce légèrement ses ongles sur ma nuque. « Ahàron ... » Je me retire légèrement. Gardant une proximité entre son visage et le mien. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a prit, mais je sais que je suis très loins de le regretter. Je vois bien que Jheylann ne pense certainement pas la même chose. Tout ce que je sais c'est que même la fucking façon dont on s'embrasse n'a pas réellement changée. J'ai toujours une envie monstre d'elle et je m'emmerde royalement pour ça, car elle doit pas vraiment avoir d'autres envies que de me gifler. Mon cœur bat vite. Je le déteste pour cela, puisqu'il s'amuse à aller encore plus vite en présence de Davenport. Toujours aussi proche d'elle, je prend sa main et la dépose tranquillement au milieu de mon torse afin qu'elle voit. Qu'elle voit que malgré mon erreur monumentale, c'est elle que je veux. Juste elle. Je me résigne à enlever mon autre main de la porte et je lui souffle faiblement, sachant que je suis encore dans un wc pour femme. « Tu veux vraiment partir ? »