« Parle moi de toi. » J'étais dans le train pour Détroit, je laissais derrière moi toute une vie, pour tout recommencer. J'avais sympathisé avec ma voisine, qui avait manqué de m'écraser avec sa valise. Je souris à sa question tant j'avais l'impression d'être dans un film ou une série B. Vous savez, le passager assi à côté de vous, qui vous sert de psy et qui réussit à vous psychanalyser en moins de deux. J'avais cette sensation. Mais je me disais que cela ne pouvais pas me faire de mal. « Je m'appelle Aeren, je suis texan, d'Austin pour être précis. J'ai 26 ans, je suis prof de théâtre. Je suis célibataire et je crois que tout ceci me plait. Je suis le genre de personne à la vie tranquille, je crois que partir de la sorte et la chose la plus folle que je n'ai jamais faite. Mais je ne pouvais pas rester là bas. Tu as l'air curieuse de savoir ce que j'ai fait alors je vais te le dire. J'ai couché avec la copine de mon frère jumeau. Voilà c'est dit. Le personnage est planté. Mais je ne suis pas réellement comme ça, c'est elle qui m'a rendu comme ça. Je suis plus une personne dans mon monde, je vis dans ma bulle. En règle général je dis ce que je pense et je pense ce que je dis. Mais là c'était différent, c'était ma famille, je ne pouvais pas leur dire ce que je pensais surtout après tout ce que j'avais fait. Souvent on me dit que je suis mystérieux, mais je ne crois pas, je crois plutôt que je suis complexe. C'est le mot qui convient. Je ne me soucie pas vraiment de ce qu'on pense de moi, ni même de ce que je produit aux autres. Je vis dans ma bulle, le reste je m'en moque. Tant pis pour les dommages collatéraux. Égoïste ? C'est ce qui peut ressortir parfois, mais ce n'est pas le cas. Je pense que c'est une apparence qui me colle à la peau, comme un vieux chewing gum collé à votre semelle. Sinon, pour entrer plus dans les détails, je suis allergique aux fraises. Je n'aime pas la pluie. Je n'ai pas la télévision. Je suis un mec naturel, je n'aime pas me compliquer la vie. Je suis Aeren, un point c'est tout. » J'avais fini mon monologue, et je me sentais plutôt bien. « Embrasse moi. » Me dit elle en fixant ma bouche. Vous voyez, qu'est ce que je vous disais, un vrai scénario de feuilleton. Naturellement, je l'ai embrassé.